Cher Monsieur Floyd,
Je me présente. Je m'appelle Jacqueline, j'ai 37 ans, je suis Suissesse et je suis Noire.
Vous avez dû perdre votre vie, pour que je puisse enfin commencer à vivre la mienne.
Je me demande comment vous vous sentez en ce moment, là haut, au dessus de nous. Je me demande si vous savez que votre décès allait changer la vie d'autant de gens. Pas que dans votre pays, mais à travers le monde. Je me demande si vous saviez que vous alliez non seulement changer nos histoires, vous avez changé l'HISTOIRE.
Le genou du policier Derek Chauvin vous a tué. C'est bien son genou qui a provoqué votre mort, mais ce genou pesait des tonnes. 400 précisément. Le poids de 400 ans d'esclavage.
Vous n'aviez aucune chance, Monsieur Floyd, aucune. Comme tant d'autres avant vous, avant nous. Comme tant d'autres qui ont perdu la vie, depuis que vous avez perdu la vôtre. Comme tant d'autres qui perdront encore leur vie, pour les même raisons injustifiées. Comme tant d'autres ayant la même couleur de peau que nous et qui n'arrivent pas à respirer. Pas qu'aux Etats-Unis, car c'est quelque chose qui arrive aux Noirs dans le monde entier. Nous ne pouvons pas respirer normalement, depuis notre enfance. Etouffés par tout ce poids raciste, au quotidien.
Cette nuit, le pouvoir a changé de camp. Ce verdict change toute la donne. Ce verdict me donne de l'espoir, Monsieur Floyd, énormément d'espoir. Un espoir qui me donne envie de croire que ce monde imparfait peut devenir un peu meilleur, un peu plus juste.
Je peux à nouveau respirer. Normalement. Sans peur. Et avec énormément de force.
Vous avez dû perdre votre vie, pour que je puisse vivre la mienne. Je vous en remercie, cher Monsieur Floyd.
Et je vous souhaite de reposer en paix.
Jacqueline